Sortie apprenante à Ailefroide (du 5 au 12 août)

Deuleuze avait raison de dire que «l’on ne voyage pas pour le plaisir, on est con mais pas à ce point !».


En effet, si une sortie apprenante à Ailefroide en plein mois d’août ça ressemble à un pur shoot d’escalade, on ne va pas se mentir, c’est aussi se gaver d’embouteillages : faire la queue pour les toilettes, faire la queue pour sa toilette et prendre une douche, faire la queue pour charger son téléphone, faire la queue pour se brosser les dents, faire la queue pour faire la vaisselle, pour essayer d’attraper du wifi, pour faire des courses voire prendre un verre au bar du coin et bien évidement, faire la queue devant les voies et donc faire la queue pour les rappels… sans parler des bouchons routiers pour ceux qui ne seraient pas venus en train.

 

Le camping vu d’en bas.

Le camping vu d’en haut.

 

Des embouteillages donc, mais pas que ! et heureusement, car Ailefroide c’est aussi embrasser tous ces petits rien que font le grand tout des vicissitudes de la routine du grimpeur puisqu’il lui en aura fallu du courage pour supporter l’amplitude thermique entre les nuits glaciales et les journées caniculaires, du courage pour dormir à même le sol avec parfois un matelas qui impose un regonflage en cours de nuit et un duvet qui ne tient pas ses promesses caloriques, du courage et de la patience pour chercher ses affaires dans une tente étroite impossible à garder ordonnée plus de deux jours de suite, de la patience encore pour retrouver ses affaires perso mélangées à celles des autres grimpeurs dans la tente collective…

 

…aux grimpeurs apprenants, il en aura fallu du courage pour se lancer sur le terrain avec pour objectif la maîtrise (au plus vite) des manip’ de relais avec l’espoir d’emmagasiner aussi tout plein d’astuces de grimpeurs qui font gagner du temps, de l’énergie, de la confiance ou carrément apprendre des trucs qui pourraient sauver la vie…

Organisation de la corde au relais façon « chinese noddles ».

Organisation de la corde au relais façon « spaghetti a la carbonara ».

 

…aux grimpeurs accompagnants aussi il en aura fallu du courage, de la patience et de la pédagogie… mais on ne va pas se mentir, surtout du courage car partir à l’aventure avec un grimpeur novice en grande voie c’est avoir confiance et espoir en son binôme apprenant.

Patience, patience, patience… Martin (encadrant) était rasé de prêt au départ du campement…

 

 

Du courage, beaucoup de courage et encore du courage, certes mais Ailefroide se mérite aussi grâce à bien d’autres qualités et dispositions car il en faut des forces pour avaler les marches d’approches pentues et pour grimper à suivre avec des litres d’eau et son picnic en plus du matos et en plus des pullovers qui bourrent son sac. Il lui aura aussi fallu de l’abnégation pour infliger des chaussons trop petits à ses pieds, pour infliger à ses doigts des prises trop abrasives, pour infliger à ses hanches un baudrier trop serré, pour infliger à ses lombaires de trop longs moments d’inconfort aux relais, pour infliger à ses bras de trop longs tirages pour ravaler les cordes, à ses épaules trop de corde à lover…

 

 

Répartition du matos : mesdemoiselles portent les cordes tandis que monsieur portent le gouter.

 

Mais une sortie apprenante à Ailefroide c’est aussi les joies du partage et de la transmission pour les expérimentés qui trouvent leur gloire dans la lueur de fierté qui brille dans le regard de l’apprenant après avoir gravi sa première grande voie sans trop s’emmêler les pinceaux pour réaliser les manip’ de relais autant que pour évoluer sur du vrai caillou, de surcroit de la dalle.

 

Camille (apprenant, à droite) et Damien (circonspect, à gauche) avant l’ascension.
Camille (heureux) pendant l’ascension.
Camille (doublement heureux) et Damien (doublement confiant), au sommet de leur grande voie.

 

Une sortie apprenante à Ailefroide en plein mois d’août comme les autres ? Pas tout à fait car certes toutes les valeurs FSGT étaient comme d’hab’ au rendez-vous mais c’est aussi l’âme du rassemblement de Freissinière qui s’est invitée. Plusieurs participants à ce camp qui n’étaient pas officiellement inscrits à la sortie ont rejoint le groupe apportant avec eux, en plus de leurs de leur enthousiasme passionné pour l’escalade, du matos collectif qui a permis de cuisiner et de dîner vraiment tous ensemble – certains soirs au coin du feu.

 

 

 

Héléne et Héloïse distraites par la beauté du paysage et de sa faune majestueuse oublient de ramasser du bois pour le dîner… 
…faute de feux ce camp, le groupe compense avec un menu extra riches en calories mais aussi avec plusieurs couches de polaire ou de doudoune.
Ecrit par ChaCha

Ecrit par : stéph