Sortie ski de randonnée en Vanoise – Du 15/03 au 18/03/24

Vendredi 15/03 – Départ de Paris

 

Vous la connaissez, cette journée du vendredi où l’on essaie de tout terminer, maudissant d’avoir dit oui, de n’avoir pas su dire non, d’avoir été obligé d’opiner du chef, où la dernière réunion n’en finit pas, où la pluie parisienne s’insinue partout.

 

Alors même que le sac attend, appelle, réclame la montagne.

 

Et bien, quand sur une contre-allée sinistre de la porte d’Orléans, au milieu des gaz et klaxons, sous une pluie tenace, apparaissent 3 sourires lumineux, d’Ilaria, Clément et Charles, on se dit que si le soleil est sous la pluie, le weekend ne peut être que magnifique.

 

C’est le début parisien du binôme de la sortie « Prariond » organisés par PYC et Charles, la stéréo de la rando.

 

Direction la Vanoise, ses glaciers, ses sommets, ses animaux et son étoile autour du refuge du Prariond, refait à neuf dans un cirque superbe à 2300m.

 

La route de Paris, vous la connaissez, elle est longue après une longue semaine ; halte à Moûtiers, histoire d’identifier le ronfleur.

 

Arrivée de concert des 2 groupes, retrouvailles de Brigitte, Edith (qui a dit que le mot ski-alpi effrayait la mixité ?), William, PYC, à 9h30 – heu enfin presque, 11h, au Fornet après la populeuse Val d’Isère.

 

La feuille de route commandait : matériel prêt, crampons réglés.

 

Elle omettait : kiné/ masseur/ ostéo se présenter d’urgence.

Les dents se serrent au matin, les 2 dos douloureux retrouveront toute leur souplesse avec l’effort, dans les descentes.

 

 

Samedi 16/3 – Val d’Isère / Le Fornet – Rocher du Léchoir – Refuge de Prariond

 

 

Le soleil est présent, un peu timide, timoré presque, mais les montagnes sont superbes.

 

Départ 1950m. Pont Saint Charles, 45’, PYC est rassuré, au-delà de 1h, il réorientait le groupe vers les remontés mécaniques.

On croise 2 groupes, la question : Malpasset, ça passe ?

 

Et oui, comme le souligne Charles, au fond de ces gorges qui relient le Prariond au pont St Charles gronde l’Isère, le torrent qui prend sa source dans le glacier du même nom ; il gronde sous une couche de neige, il n’y a pas plus traitre.

 

2 magnifiques bouquetins, fiers comme Artaban, contemplent les randonneurs avec dédain.

 

On prendra sur la droite, montant en direction du col Pers, sous les pentes du Grand Torsaï jusqu’à un replat à 2400 m puis vers le sud pour remonter la large croupe qui conduit aux Plattes du vallonnet.

 

Un superbe rapace, dont l’envergure nous laisse imaginer un aigle, cercle au-dessus.

La neige est épaisse, très épaisse, un épais tapis sous les skis. La pluie de la veille est tombée en flocons ici.

 

 

 

 

Sous le col, halte et regroupement. « Point de décision » ; assène maître PYC.
Nous sommes autour de 2900 mètres; continuer vers le col de Pers ? Voulez-vous la vue sur les remontées mécaniques de Val d’Isère ?

 

Argument de poids, surtout que le col charrie des skieurs qui descendent hors pistes; donc direction un petit mamelon derrière le rocher du Léchoir, qui nous ramène pile dans l’axe du refuge 600m plus bas, pour s’offrir sous un soleil radieux, une descente à faire se damner un amoureux de la poudreuse « de celle qui justifie le we » entendra-t-on.

 

Et bien il y en avait quelques-uns des amoureux. Et ils lui ont fait honneur : un festival d’arabesques.

 

Arrivée 16h ; un chamois est descendu à une vingtaine de mètres ; il semble complètement paumé.

En effet, le refuge, ouvert depuis moins d’une semaine, est plein ; ça doit lui changer.

 

On recommande les dortoirs, de véritables cathédrales.

Les diners sont savoureux : soupe de lentilles corail / coco, avec des lentilles au délicat fumé de pois cassés et à la couleur d’un vert profond.

 

 

Dimanche 17/3 – Refuge de Prariond – Grande Aiguille Rousse (3482m) – Refuge de Prariond

 

Ce qui est pénible avec les prévisions, c’est qu’elles ne se plantent pas toujours.

 

Ce matin-là, un léger voile habille les montagnes.

A l’ouest, le léger voile ressemble plutôt à une doudoune grise.

Les baudriers fixés, les longes en cravates, et tout le toutim, c’est direction sud-est vers la Tête du Bouc ; on laisse le vallon sur la gauche, on monte tout droit, un peu plus raide, un peu moins raide, la trace est claire et on prend rapidement 550m.

 

Les nuages montent doucettement. Les montagnes se découpent toujours bien.

On prend pied sur le glacier des sources de l’Isère. Enfin, la carte dit que sous les 4m de neige se trouve le glacier, sa couleur bleue, ses crevasses…. On continue l’ascension ; 2 cordées : 8 m de corde entre chacun ; corde tendue répète chaque premier de cordée.

 

Ilaria est tirée à la hue à la dia, ce qui ne l’empêche pas de repérer à 10 m un défaut sur une fixe ou un quart mal placé : les anges gardiens volaient en escadrille ce we !

 

A 3300 mètres, sous le col, la pente devient nettement plus forte.

 

Le vent souffle, le froid est mordant. Le glacier est dépassé. Pour monter au col, puis longer l’arête qui mène à la grande aiguille rousse, il faut 1h, à crampons.

 

Le triangle blanc de l’aiguille, disparait dans les nuages. Enlever ses peaux, sécuriser les skis, régler les chaussures, glacent les mains, les pieds, le cou.

 

Monter ou redescendre ? Le matériel est préparé pour une évasion rapide.

Monter ou descendre ? Plus on discute, plus on a froid, plus la montagne disparaît.

 

Ok, l’argument on a monté les crampons c’est pour s’en servir, convainc assez peu.

 

Le jour blanc est là, on redescendra. Pourtant la vue est, parait-il, époustouflante de là-haut. Le vent lui est soufflant tout court. Une décision, c’est se féliciter, avoir des regrets.

 

 

 

La descente est pénible, la neige est lourde et croutée dès qu’on quitte les faces nord. A force de ne pas savoir si on monte ou descend dans ce blanc laiteux, c’est le bateau ivre qui se profile devant nous.

 

La descente nous fait passer devant des stalactites d’un bleu Klein, très belles, la lumière est plus claire, plus pure, le soleil perce très timidement certaines zones du ciel. Le triangle de la grande rousse réapparait fugacement. La neige tourbillonne toujours aux sommets.

 

A 13h, nous retrouvons ce bon vieux refuge pour un pique-nique en terrasse vite rapatrié en intérieur, pendant que Charles et Clément se donnent 1h de montée pour s’offrir une descente réconfortante. 550m plus haut, ils arrêtent nette leur trace toute fraiche.

 

 

La descente sera belle. L’énergie n’étant pas complètement dissipée, nos 2 compères déneigeront les 50cm accumulés sur la terrasse du refuge.

 

Pendant ce temps, au refuge, c’est plus intello : cours pratique de mouflage simple et double sous les conseils avisés de maitre PYC qui a un matériel à faire frémir le vieux campeur.

 

On passera sous silence la mise en place d’un ancrage ou point mort. « Ouvrir les dents vers soi » est le mantra à connaître pour placer la poulie ou micro-traction ! L’accidenté fut sauvé 6 fois et a donc bien mérité une binouse.=

 

 

 

 

Binouse qui conduira naturellement au jeu Myto où les plus retors des tricheuses et tricheurs ont remporté leurs victoires les plus éclatantes sur un parterre de cartes jetées discrètement au sol.

 

 

Breaking news : Roc14 a LE photographe en ses membres.

 

Celui que vous voudrez tous pour immortaliser les plus beaux paysages, les scènes les plus grandioses, les moments les plus vivants.

 

Son art du cadrage est sans pareil ; mais surtout c’est l’intrusion du petit détail qui donne tout son relief à l’image.

 

C’est simple, chacun des 20 paysages a été pris par la technique de la réflexion ; si si regardez bien, au fond de sa pupille, sur les 20 gros plans de sa tronche, vous verrez le reflet fragile d’une montagne majestueuse. C’est beau ces appareils photos à objectifs recto-verso!

 

 

Lundi 18/3 – Refuge de Prariond – Pointe de la Galise – passage en Italie Tour du Roc Basagne – Le Fornet
Refuge de Prariond – Le Fornet…

 

Ca donne envie ce programme ?

Que diriez-vous d’admirer le grand Paradis ? P

ar quel col repasser la frontière ? Un p’tit sommet pour la route ?

 

C’est sur tout cela que nous avions salivé les jours précédents.
C’est sous tout cela que nous avions caché les prévisions météo.

 

Elles le disaient bien : neige abondante, limite pluie-neige 2400, iso 0 3000m pluie, jour blanc.

 

Le BERA monte à 3 : ce sera descente directe. Mais directissime via Malpasset ou via les hauteurs ?

 

La neige tombe suffisamment drue pour qu’on prenne les gorges, avec moult précautions. La pluie ne sera en fait que vers 2000 mètres. Pas très glorieuse l’arrivée au parking !

 

Ces 2 journées furent grandioses ; les rires des tricheurs impénitents résonnent encore au refuge, et les photos ne rendent que faiblement compte de la beauté des paysages autour de ce refuge idéalement placé ; terrain de jeu incomparable.

 

 

 

Un immense merci à Pierre-Yves et à Charles.

A vous de jouer !

 

 

CR rédigé par Xavier

Ecrit par : Hélène