Sortie à Buis les Baronnies – Du 2 au 6 juin 2021

Vue sur la Gare de Lyon, un matin de juin. Le soleil et le bleu insolent du ciel scintillent.

Zoom sur la voie D, point de rendez-vous du groupe de joyeux lurons qu’étaient les grimpeurs motivés de Roc 14 inscrits à cette sortie, prévue initialement pour le mois d’avril.

En effet, les événements-sanitaires -dont-on-taira-le-nom, avaient contraint les organisatrices, Hélène et Laure, à annuler la sortie. Mais, force avait été de constater que les deux jeunes femmes, dynamiques et pleines d’envie de roche, de rencontres, de joie et de légèreté, s’étaient entendues à maintenir le séjour, le remettant à l’heure de la liberté. Alors voilà, nous étions en juin, plus exactementle 2, et encore plus exactement à 10 heures pétantes du matin.

Ils arrivèrent au compte-goutte, et formèrent un cercle, attendant les derniers arrivants. Ça se jauge, ça se salue, ça se sourit timidement : tout le monde ne se connaît pas encore, certains n’arrivent au club que cette année, d’autres n’ont encore jamais fait de sortie, et il en est de ceux qui ne fréquentent plus la salle depuis quelques temps…

Ça bavarde toutefois énergiquement, et ça vérifie les derniers points importants pour que le séjour se déroule au mieux :

Test PCR : Check !
Les cordes et les dégaines ? : Check !
Les billets de train : Check !
Le café matinal : ultra Check !
La conversation WhatsApp : Check !
Les yeux encore un peu ensommeillés : sur-Check !

Tout le monde est là ? Allez c’est parti !

Ils prirent place dans leur wagon. Les conversations allaient bon train. Les manip’ sont revues, ou apprises. On revoit l’organisation de la journée, les menus, comment faire les courses, où aller grimper quand tout cela sera bouclé.
Ça commence à taquiner les futurs morts de faim qui n’ont pas prévu de pique-nique pour le déjeuner. Ou ceux qui doivent assurer leur réunion zoom à 16h, en faisant semblant que « oui-oui, ils sont installés sérieusement à leur bureau en mode travail ».

13h30 : arrivée à Avignon. Hài, Alfred et Aurélien filent récupérer les voitures de location. Deux Fiat 500 et un Duster déboulent.
Nous chargeons les voitures. Sacs, cordes … direction, les courses ! La Drôme provençale défile sous nos yeux, c’est beau… le ciel est un peu menaçant d’orages, mais ça reste charmant. Sur la carte, nous cherchons la première grande surface, histoire de remplir nos ventres et frigos pour les 4 jours à venir, et être débarrassés de la corvée.

Peu de temps avant d’arriver à notre destination finale, et quelques coups de fil pour se retrouver tous au même endroit, nous trouvons notre bonheur. Une voiture part au magasin bio pour les graines, les fruits et légumes, les deux autres partent au super U pour combler l’appétit des viandards, assurer le petit dej’, le dej’ et l’apéro. Ça cavale dans les rayons, vite, on est tous impatients d’arriver dans notre logis, de poser nos affaires pour déjà repartir grimper, et il y a la fameuse réunion Zoom à assurer à 16h, le stress monte …

On est efficaces, 15h30, deux voitures sont déjà prêtes à repartir … euuuuh c’était sans compter le chargement des courses pour 12 personnes, d’un séjour de 4 jours.
Vous avez déjà vu la contenance d’une Fiat 500 ?
La Fiat n’a de 500 que son nom. Sûrement pas le volume de son coffre.

Les voitures et ses passagers ont un drôle d’air. Certains ont empilé les cagettes à légumes sur leurs genoux, un sac de charbon tient en équilibre sur une valise, on range les plaquettes de beurre dans les portières…

Hélène, soulagée de pouvoir enfin avaler son sandwich après une journée bien entamée, finira bien désappointée en regardant ledit sandwich partir sans elle, puisque changement de voiture de dernière minute.

Arrivée à Buis-les-Baronnies dans les temps, Maud va même pouvoir assurer sa réunion comme si de rien n’était ! La maison est immense, on s’y perd, elle est foutue étrangement. Une grande entrée pour caler toutes les affaires d’escalade. Un escalier biscornu, une décoration un peu vieillotte. Deux terrasses. Des lits en veux-tu en voilà… Pas vraiment le temps de se poser et profiter de notre habitat, on se change et c’est reparti !

Depuis l’une des terrasses, vue sur le rocher Saint Julien

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Les topos sont sortis. Il faut que tout le monde puisse grimper, même les débutants. On opte pour le site de Baume Rousse, les GPS font leur taf et en moins d’une demi-heure, nous voici tous arrivés dans un écrin verduré.

Ça continue de faire connaissance, l’ambiance est bon enfant. Le stress parisien est resté à Paris, on peut enfin grimper, certains n’ont pas touché à leurs chaussons depuis six bons mois.

La marche d’approche est légère, rapide et nous voici au pied des voies.
Les conseils de reprise s’échangent, les discussions sont animées… Les premiers grimpeurs s’élancent, les voies sont de tout niveau.

Quel plaisir enfin de re-grimper, qui plus est dans un paysage complétement magnifique. La roche est belle. Cet après-midi-là, nous grimperons presque jusqu’à la tombée de la nuit.

« On est prêtes… y’a plus qu’à ! »

On oublie le couvre-feu tellement nous sommes contents.

D’ailleurs, on oublie même les clés pour rentrer à la maison, pour ceux qui repartaient en premier. Heureusement les voisins sont là, et puis comme nous sommes un peu grimpeurs, une échelle et le tour est joué !

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“On est des grimpeurs ou quoi ?”

La deuxième voiture rentre, avec les chefs cuisto désignés de ce soir. Gildas et Sélima se lanceront dans un chili sin carne qui sera dévoré tel qu’il n’en restera pas un grain de riz, alors même que la quantité prédisait qu’il en resterait pour le lendemain …

Premier dîner tous ensemble, sur la terrasse. Chacun met la main à la pâte. … L’ambiance est déjà excellente. Ce soir-là, on se couchera tard. Nous sommes fatigués de cette première journée mais heureux d’être là, tous ensemble. On sent une bonne dynamique de groupe, et vers la fin de la soirée, nous organisons notre journée du lendemain.

Une voiture qui partira faire de la couenne, les deux autres qui partiront en grande voie.
1h30, dodo time, nos grimpeurs gagnent leurs lits, les pas sont encore hésitants dans cette grande baraque où ils n’ont pas encore tout à fait pris leurs repères.

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Et nous voici, vaillants et motivés :

La couenne : Laure, Hélène, Sélima et Gildas,
La grande voie 1 : Seb, Alice, Alfred, Martin et Hài

La grande voie 2 : Maud, aurélien et Lola

Ils avaient prédit de se lever vers 8 heures et, ma foi, ils sont dans les temps… Petit déjeuner des champions : tartines, café, thé, céréales, graines… et Nutella (et oui, quand même).

Le soleil est là, quoique des nuages commencent à pointer leur nez mais rien ne peut décourager les vaillants que nous sommes. Préparation du pique-nique en vitesse, rdv en bas pour un dernier comptage de cordes, un dernier check up …

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Pour la grande voie, rdv au rocher Saint Julien.
Pour l’une d’entre eux, Lola, c’est simplement sa première sortie en grande voie (c’est même sa première sortie Roc 14 !). Elle en prendra plein la vue. Rassurée par un grimpeur en tête des plus expérimentés, Aurélien, un des derniers arrivants à l’asso, elle arrivera jusqu’en haut de la voie, cotée 5 B. Elle remerciera 15 fois dans sa tête ses professeurs de théorie, qui lui ont appris à faire les manip’ quelques temps avant de partir. Seb et Hài, de vrais pédagogues, patients à souhait alors qu’elle s’emmêlait les pinceaux avec les nœuds, les cordes… (« tu fais une lunette avec la corde … mais siiiii c’est très simple ! »).

On part, Aurélien en tête et Maud, hyper encourageante. On prend de la hauteur, petit à petit. L’excitation gagne la grimpeuse débutante, parfois elle a très peur, surtout quand elle ne voit pas où elle doit grimper. Aurélien, patient, la tire quand elle galère. Maud, qui n’a pas fait de grande voie depuis un bail et qui avait une petite appréhension avant de partir, s’en tire haut la main.

Arrivés tout là-haut, il y un vent pas possible, on se fait une pause pour grignoter notre sandwich. Erreur de débutante : Lola n’a pas pris sa veste, il faisait si chaud quand nous avons commencé à grimper… Elle n’avait pas pris ses baskets non plus d’ailleurs, elle a bien compris l’utilité arrivée en haut, quand ses pieds étouffaient dans ses chaussons.

Le paysage est magnifique, le moment est incroyable. Les nuages se rapprochent de plus en plus mais nous décidons alors d’attendre nos compères, partis sur une autre voix « l’Espadon », à deux cordées dont une flèche. Mais, il caille, nous attendons un long moment, puis craignant la pluie, décidons d’installer notre rappel.

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« Après l’effort… » « On tient le bon bout ! »

Encore une fois des manip’ à n’en plus finir, toujours un peu d’appréhension pour Lola, mais la prudence extrême d’Aurélien suffit largement à la rassurer.
Nous croisons les deux autres cordées. Ils évoluent bien, toujours dans la prudence et la patience. Chacun s’attend, pas de pression. On se salue et nous leur disons que nous les attendons en bas.

Quand nous arrivons au pied de la voie, nous regardons nos amis grimpeurs, de minuscules points noirs sur la paroi. On se repose, on se pose, on discute. On fait quelques voies, Aurélien s’essaye à tenter des voies plus difficiles. On s’amuse à grimpatouiller en moulinette.

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Quelques temps plus tard, nous voyons arriver les deux cordées.
S’ils ont mis un peu plus de temps, c’est que la voie était carrément sous cotée ! En effet, c’était inscrit 5C alors que c’était une 6A. Hài a ouvert, et il s’en est sorti comme un chef, Alice et Seb l’ont suivi. Seb, impressionné par sa prestation, racontera combien cette voie était difficile. Lola, petite débutante, se rendra compte à quel point la solidarité entre grimpeurs compte, peut-être plus que le niveau des uns et des autres, et qu’elle est ultra présente au sein de cette asso.

Nous repartons tous ensemble vers les voitures, bien fatigués de cette première journée, impatients de retrouver les autres pour leur raconter, et connaître quelles ont été leurs (més)aventures.

On se retrouve tous à la maison, l’apéro bien mérité débute, toujours dans la joie et la bonne humeur. Les conversations fusent, la préparation du dîner débute et là encore, il y a de l’entraide, tout le monde s’y met. Nous nous coucherons tard, après de belles discussions et la préparation de la journée du lendemain…

Les journées suivantes ressembleront à cette deuxième journée. Les groupes s’inversent, certains partent faire de la couenne à l’Aiguille de Buis, et d’autres partiront en grande voie.

Hélène impressionne ses partenaires de cordée en grimpant une bonne 6A en grande voie, alors que c’était une première pour elle !

Sélima aussi, première grande voie, a réussi un défi impressionnant en combattant l’appréhension et le stress qui avaient pu la gagner.

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Nous l’avons déjà dit, mais il s’est passé une vraie rencontre lors de ce séjour. Conseils, bienveillance, apprentissages, transmission de savoirs des plus expérimentés au plus débutants… et puis, il y a des médecins parmi nous … Comment faire une attelle sur un petit doigt foulé avec un bâton de glace par exemple… mettre de la glace, mais pas trop longtemps …

Alice en sait quelque chose ! en effet, dans un effort des plus sportifs, notre Alice a réussi … à se fouler le doigt au pied d’une voie

Il est gonflé et a pris une drôle de couleur. Ça ne l’empêchera pas de grimper, toujours motivée par sa détermination personnelle, mais aussi par la belle dynamique qui nous anime.

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Chaque soir, un bel apéro et un bon dîner. Des discussions, tant sur la grimpe que sur d’autres sujets, des sérieux, des philosophiques, des graveleux … Seb nous aura appris bien des choses mais vous savez, ce qu’il s’est passé à Buis restera à Buis !

Chaque soir et chaque matin, Alfred nous jouera une jolie sonate au piano. Chaque soir et chaque matin, il y aura un peu de potins à se mettre sous la dent.
Grimpe mais pas que : Laure, un après-midi, décide de se faire une belle randonnée en montagne. Nous la retrouverons quelques heures plus tard. Elle nous confiera alors qu’elle s’était un peu perdue… Petite baignade dans la rivière de Buis, où Alfred réussira à pêcher des bières avec son épuisette …

Et enfin, petite détermination de la majorité du groupe, tandis que les autres profiteront de cette dernière matinée pour grimper, pour s’essayer à la via ferrata du rocher Saint julien.

Victoire ! Nous sommes arrivés au sommet !

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Le dimanche arrive trop vite, il faut déjà repartir… Il reste une belle quantité de nourriture, alors le dernier soir, nous préparons une « salade poubelle » (belle définition, dixit Alice : vous récupérez tout ce qui reste au frigo et susceptible de finir en salade, et basta, vous avez votre salade), ainsi que des croques monsieur « renversés » : même principe que le croque-monsieur, mais ceux-ci, diligentés par la loi de Murphy et la délicatesse (maladresse ?) d’Hélène, font un retour au sol avant de terminer dans l’assiette. Distribution de graines, de chocolat, des bières restantes pour qui veut.

La vue depuis notre terrasse va nous manquer !

Dernier déjeuner sur la terrasse. Ça sent le retour à Paris, ça s’agite, ça nettoie, ça range, ça vide les poubelles… Les voitures sont moins galères à charger qu’à l’aller, mais nous sourions en repensant au premier jour, et bizarrement c’est déjà la nostalgie.

Le retour se fera sans encombre, toujours dans une organisation incroyable. Nous rendons les voitures à temps, et nous n’attendrons pas trop longtemps notre train. Le timing est parfait.
Arrivés en gare d’Avignon, nous remettons nos masques, relégués pour la plupart du temps au fond de nos poches depuis 4 jours dans notre élan sportif. C’est bizarre, on y étouffe et ça signe comme un adieu à ces quatre jours de libertés que nous avons connus.

Le train est à l’heure et lorsque nous arrivons à Gare de Lyon, il faut déjà se dire aurevoir.

Nous repartirons alors, masqués et fatigués, mais la tête pleine de souvenirs, les yeux pleins d’étoiles, et de belles aventures à raconter à nos proches.

Merci encore à tous pour cette aventure incroyable.

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Ecrit par : stéph