Journée d’action à Bleau : atelier anti-érosion

Le samedi 8 octobre nous étions douze personnes issus de divers clubs FSGT (Roc 14, Le Mur, Saint Ouen, Cimes 19…) à participer à une journée d’action en faveur de la forêt de Fontainebleau pour lutter contre l’érosion et aider à préserver son écosystème. Une initiative portée par le Collectif Bleau en co-organisation avec l’Office National des Forêts (ONF), que nous espérons renouveler prochainement.

 

 

L’érosion (dégradation du relief du sol par des agents tels que l’eau, le vent, le mouvement…) est un sujet qui passe relativement inaperçu. Il est pourtant important car il impacte la forêt de Fontainebleau où plus de 13 millions de personnes se rendent chaque année. Plusieurs publics s’y côtoient : grimpeurs du monde entier, randonneurs, traileurs, vététistes… et certains sites connaissent une très forte fréquentation comme celui où l’atelier s’est déroulé : Roche aux Sabots.

 

Nous y avons donc retrouvé Morgane Souche (cheffe de projet environnement et accueil du public à l’ONF) et Charles membre du CoSiRoc (Comité de défense des sites et rochers d’escalade). Avant d’engager les travaux, nous avons pu échanger avec eux; Morgane nous a présenté le rôle de l’ONF, orienté sur plusieurs grandes thématiques : la production de bois, la préservation de l’environnement et l’accueil du public et la prévention des risques naturels. Le CoSiRoc étant relativement connu par le groupe pour ces actions d’entretien de circuits, Charles nous a davantage parlé des diverses associations de bénévoles qui aident le CoSiRoc dans sa promotion d’une pratique durable de l’escalade.

 

Après ce préambule théorique, nous sommes donc passés à l’action. Cet atelier a consisté à construire des emmarchements (structures en bois et en pierre) qui empêchent le sol sableux de glisser, stabilisent les rochers et protègent la végétation.  Ces solides structures peuvent durer jusqu’à 100 ans pour protéger l’écosystème contre les effets négatifs de l’activité humaine. Tout le matériel nécessaire à la construction de nos ouvrages avait été préparé et déposé la veille sur le site : outillage, pierre et diverses pièces de bois.

 

 

Quelques endroits propices à la création d’emmarchements avaient été repérés au cœur du circuit de grimpe, de petites pentes aux pieds d’arbres dont les racines avaient été mises à nu par le passage des grimpeurs. Certes, ces grosses racines qui ont émergé et pris de la patine avec le temps donnent un caractère pittoresque et romantique à la forêt mais elles ont de fait perdu beaucoup de leur capacité à la rétention du sable.

La première étape du travail consiste à loger verticalement une dosse (planche épaisse et grossièrement équarrie dont la face externe bombée reste recouverte d’écorce) entre deux grosses racines émergées ou entre une racine et un rocher; de l’enfoncer légèrement dans le sable. Cette dosse est solidement maintenue en aval par deux pieux profondément enfoncés dans le sable et vissés à la dosse. Le bois qui sert à confectionner cette structure est en robinier faux-acacia, choisi pour sa qualité imputrescible, il noircit avec le temps mais reste très solide et ne se désagrège pas.

 

 

L’étape suivante est la partie casse-tête mais aussi la plus fun. Il faut d’abord préparer un lit de sable puis disposer du ravelain (des écales de grès), un tétris de pierres qui doit être le plus à niveau possible – certains se sont découvert un don de tailleur de pierres car, à mesure que la marche se remplit, les espaces à combler entre les pierres sont de plus en plus petits et de forme complexe !

 

 

Enfin, il ne reste plus qu’à répandre un mélange de sable et d’aiguilles de pin sur la surface, un enduit naturel qui va se glisser progressivement entre les pierres pour mieux les maintenir mais surtout pour que l’emmarchement semble le plus naturel possible et qu’il passe presque inaperçu. 

 

Grâce aux conseils avisés de Morgane et grâce à nos forces décuplées par notre motivation et notre enthousiasme, nous avons pu réaliser quatre emmarchements – tout le monde était satisfait du travail accompli ! Une météo particulièrement ensoleillée a permis un pique nique bien mérité et certains ont même grimper un peu. 

 

Cet atelier était donc l’occasion de voir la forêt sous un autre angle, habituellement nous la fréquentons en tant que grimpeurs – sans pour autant, il faut l’avouer, avoir toujours tous les bons reflex, ceux qui permettent de préserver les rochers et leur environnement. 

 

Si ce sont les grimpeurs qui ont été les premiers à investir les sites “rocheux” de la forêt (époque contemporain), et qui de fait revendiquent presque davantage de légitimité à occuper le lieu; aujourd’hui ce sont des publics totalement différents et de plus en plus divers qui fréquentes Fontainebleau et qui revendiquent la même liberté d’en profiter. 

 

Pour faire une photo souvenir de ce samedi on a croisé de nombreux grimpeurs en action (certains traînant leur crashpad d’un rocher à l’autre, de la magnésie jusqu’aux coudes), des familles en balade, des coureurs sur le parcours des 25 bosses et sur les traces de VTT, des siesteurs dans leur hamac, des enfants en mode châteaux de sable, de jeunes ados jouant à chat perché (en baskets non essuyées), de vieux ados (la cinquantaine bien tassée) la clope au bec une bière dans une poche et la mini enceinte dans l’autre, des conducteurs de 4X4 miniatures. Et il y avait notre groupe occupé à construire des emmarchements en espérant que d’autres grimpeurs auront envie de participer à nos prochains ateliers et de poursuivre la sensibilisation !

Un avant /après du travail accompli !!!! :

avant-apres

Ecrit par : stéph