Aravis 2020

L’aventure a commencé le 22 août 2020 au camping L’Escale du Grand-Bornand…dès la première tentative de planter de sardine! Après quelques sardines tordues, un accueil qui vous propose de vous en vendre d’autres à tordre, Camping-man est arrivé avec sa perceuse, des clous de charpentier de 20 cm (Véridique!) et a perforé le sol récalcitrant pour arrimer nos frêles habitats. Donc un conseil, si vous réservez dans ce camping et qu’on vous alloue les emplacements P1 et P2 : Refusez!!! « P » ce n’est pas pour « place » mais pour « parking ».

Le campement établi, il était temps de reprendre des forces pour affronter les cannelures tranchantes de la Colombière, les marches d’approche paumatoires de la Pointe percée, Ablon l’Abrasive et autres défis verticaux! Le modus vivendi de ce séjour était le saucisson qu’on croque comme une banane (Désolée pour les Vegans qui s’horrifient de cette vision très sauvage), les pois chiches
avalés à même la boîte (Pas de Christophe pour le transformer en un délicieux houmous) … et Mister S. qui fait péter les plombs avec sa bouilloire électrique…
Le décor est posé, partons grimper…

La parole est à notre super-organisatrice : Géraldine…

Et l’épopée de Yan et Yujie s’insère en italiques…

 

Premier jour, un peu de couenne au col de la Colombière, et révision de manip grandes voies. Un élève récalcitrant inventera une communication bien à lui, se vachera à des endroits pour le moins étonnants (dans les cordes du descendeur, dans les cheveux de la formatrice,…), et souhaitera poursuivre l’ascension de la grande voie école en free solo. Afin de préserver son anonymat, appelons-le Sébastien B. Le même s’indignera ce soir là que la tartiflette commandée ressemble à un gratin de patates plutôt qu’à une petite tarte.

 

Après avoir fait une 5c bien cannelée, les férus de cyclisme que sont Yujie et Yan, dévalent à toute berzingue la pente pour assister au passage du critérium du Dauphiné. À 30 secondes près ils arrivent pour encourager la tête de la course. Ensuite il faut se retaper toute la montée cherche les affaires d’escalade, et encore une fois la descente pour finir sur une terrasse à siroter des spritz et manger des crêpes au Nutella. Heureusement la journée était plus productive pour d’autres, il s’agirait quand même de profiter d’une des plus belles falaises de la région !

 

Via ferrata du Pic du Jallouvre le deuxième jour pour Maria, Hélène et Géraldine, dans d’épais nuages qui prêtent à penser que le Mordor n’est pas loin et que Sauron les scrute avec son gros oeil qui louche. Passage Della Muerte, ouverture du thon en boîte, gouffre, bouse de vache fraîche (c’est la vache ou la bouse qui est fraîche?), sont quelques exemples des multiples obstacles qui ont été
glorieusement vaincus.

Le troisième jour, deux cordées se rendent au Sapey : Maria et Yujie visent L’entre-deux de Dran (D+ 5c I P1), Yan et Guillaume se rendent à la pointe centrale pour les Travaux d’Hercules (TD-
6b+>5c I P1+) Les marches d’approche et de retour se révèlent ardues pour les deux cordées : des pierriers sysiphins les attendent, un pas en avant deux pas en arrière, heureusement que quelques végétaux poussent dans la pente, qui permettent de se tracter à leurs frêles brindilles.
Tchao Godillo pour Hervé, Eric, Sébastien, Gildas et Geraldine. Découverte pour l’un d’eux que les « petits totems des montagnes » sont en fait des cairns bien utiles pour repérer la
descente. Pour préserver son anonymat, appelons le S. Brunet.
Pointe de Sosay à nouveau le dernier jour pour Sébastien, Eric et Geraldine. 300 mètres dans un délicieux frigo orienté nord-ouest, arrivée au pied d’une croix et attaque de fourmis ailées sur le Mont-Chauve. Invention de la flèche inversée : alors en fait il y a deux leaders qui partent en même temps chacun sur un brin et… nan on s’arrête là, c’est vraiment une idée pourrie. Le manque d’oxygène sûrement.
J5 : Au cinquième jour, un groupe composé de fatigués de la grimpe se forme : Hervé, Yan, Yujie et Laura qui nous rejoint de l’autre groupe Roc14 présent dans les Aravis au même moment, mais dans
le camping de Saint-Jean de Sixt. Objectif : la voie normale de la Pointe Percée, une randonnée vraiment agréable dans un paysage bordant la haute montagne avec des passages où il faut mettre
les mains. On prend plaisir à vagabonder dans le dédale de cette voie, par ailleurs très bien balisé. Aucune crainte de se perdre. Les bouquetins daignent à peine lever l’oreille lorsqu’on passe à
quelques mètres d’eux, absorbés dans leur farniente à l’ombre. Au sommet une vue dégagée sur le massif du Mont-Blanc s’offre aux grimpeurs. C’est la première randonnée vraiment montagneuse
pour les filles, alors on s’offre une bonne collation, et c’est Yujie qui rassasie puisqu’elle déballe les 2kg de fruits présents dans son sac (on avait dit légers les sacs !).
J6 : La randonnée à la Pointe Percée de la veille a inspiré puisque ce sont 6 personnes qui se motivent pour y monter le matos de grande voie. Yan et Hervé, plutôt feignasses, partent pour la paroi de
Gramusset (Le Partage du Monde TD+ 6c+>6b I P1), qu’on voit depuis le refuge et qui n’est qu’à 20min de marche. Hervé ouvre la première longueur, avec le classique coup du premier point à 20m.
Au bout de la corde de 50, c’est, délesté de 3 dégaines, qu’il se rend compte être sur le mauvais itinéraire. Un rappel plus tard on repart à zéro, au bon endroit mais il faudra tout de même couper la
longueur en deux (70m) car le départ de la voie n’est pas indiqué et se trouve être 20m plus haut que le départ logique. Ensuite, tout se déroule comme sur des roulettes, le rocher est d’une qualité
démente, c’est l’accroche ultime, et l’ambiance de la voie est excellente. L’escalade est variée : de la dalle, des passages blocs, de la rési, des longueurs athlétiques, du surplomb.
Quant à Maria et Claire, c’est sans encombre qu’elles arrivent au sommet de la Pointe Percée par le Sirop pour Machin (D- 5b+>5a I P1), ou un repos bien mérité les attend.
Pendant ce temps Yujie et Laura mettent 4h pour enfin arriver au pied de Ça rigole dans les cannelures (TD 6a>5c A0 II P1), en se faufilant entre le névé et la paroi. Il est déjà 13h, mais Laura,
dans un éclair de lucidité, convainc son binôme qu’engager une voie de 8 longueurs en montagne avec un retard massif sur l’horaire, c’est vraiment une bonne idée ! Elle part donc dans la première
longueur, où elle se retrouve nez à nez avec un premier point à 20m, elle est donc forcée de clipper ce qui la ralentit dans sa progression. Le reste de la voie est dans le même ton, l’espacement entre les
points rend difficile la lecture de l’itinéraire. Mais portées par le courage elles enchainent la voie, et c’est la redescente exposée qui s’avère le passage compliqué (2h30). Encore ignorants des déboires
de leurs acolytes, Maria et Claire ont rejoint Yan et Hervé au refuge. Maria use de ses charmes sur la propriétaire du refuge et obtient une planche de saucissons et de fromage. À 20h30 ils voient avec
soulagement arriver la cordée retardataire, descendant de la montagne en même temps que les bouquetins. Le dernier segment se fait bientôt dans l’obscurité et quand ils arrivent au Col des Annes
il fait nuit. À 22h30 ils arrivent au camping, et surprise : les autres Roc14iens les ont attendus pour un barbecue nocturne ! La joie est immense, et la nourriture est trop bonne, grâce à Bertrand le maître du feu !

 

Quelques lignes de Nat, accroc de la couenne et de la couine!

Nous avons fait une séance de Picothérapie (très jolie voie historique!!!) à Ablon. Les Fauvettes, c’est du velours à côté ! Nous ne dirions pas que nous nous sommes promenés dans le Jardin extraordinaire mais la saveur était dans le crux! Hervé avait choisi Chacun son tour …une 7a avec un bombé lisse qui avait une tête de 8 et grâce à lui nous avons vu que l’improbable devenait réalisable (enfin pour certains…)! Il faut juste savoir lire entre les lignes (ne cherchez pas la ligne de faille, il n’y en a pas), tenir le picot en pince, chercher la réglette du bout de l’ongle, l’adhérence qui tient par la force de la volonté… et le relais finit par arriver. Comme on ne l’a pas vraiment enchainée (euphémisme modeste), la bonne nouvelle, c’est que nous devrons y retourner l’année prochaine pour transformer l’essai…

 

Le Journal de bord de Paulo…commenté par Seb (oui celui qui est anonyme dans tous les récits…)

Cette semaine d’escalade au Grand-Bornand se déroulant dans un contexte postconfinement et très certainement pré-confinement de rentrée, je suis parti dans une optique « grande-voie » à la recherche d’ambiances et de paysages montagnards et d’ouverture maximum des chacras…tout en gardant une bonne marge de sécurité car comme chacun sait « que la montagne est belle », mais faut quand même se méfier certains jours.
Au final, 5 jours, 5 sorties, 4 grande-voies et 1 couenne à Culaz dont je laisserai le commentaire à un.e autre camarade. J1 Charvin (sud-est de Thônes, vers Manigod) avec Maria :
Marche d’approche un peu longue et raide, environ 2,5h. On ne trouve pas la voie tout de suite, on se complait à la chercher sur une première barrière rocheuse qui nous « appelle »
et qui nous permet surtout de limiter la marche d’approche. Erreur confirmée par un randonneur, nous allons jusqu’au col pour redescendre sur une nouvelle barrière beaucoup
plus prometteuse et nous repérons la voie. Grimpe facile 5 longueurs en 4C-5C, comme prévu pour le premier jour. Reste que l’ensemble est de plus en plus instable, surtout l’arête de sortie. L’ensemble est magnifique, 360° sur la fin avec vue sur le Mt Blanc. La principale difficulté est de ne rien faire tomber et de sortir avant la pluie prévue à 16h qui ne fera que passer au loin…
J2 Col de la Colombière, Villard Ladies, avec Hai.
Idem pour la marche d’approche qui est fatigante à l’aller et au retour, 1,5h d’après topo. Escalade sur dalle avec cannelures puis plus raide 5 sup max. La journée est belle,
l’escalade aussi, pas de plantage, descente en rappel. Le binôme est content.

J4 Solstice d’été – Tête ronde – La Rosière, avec Maria :
Toujours des f… marches d’approches A/R mais cette fois dans les bois au frais. Escalade parfaite, grande dalle calcaire avec des cannelures géantes à certains moments. La grimpe
est fatigante car l’exposition est SE et il est trop tôt (midi), cagnard total, mes velcros de chaussons n’y résistent pas et nous grimpons vaillamment. Descente en rappels, c’est
l’occasion de mises au point entre nous avec des techniques ancestrales (moi) et plus modernes (Maria).
Parfait mais à démarrer plutôt…plus tard, genre 16h
J5 Pointe de Sosay, – voie Rodrigue, avec mon second Mister Hai le Docteur Jekyll et mes guides suprêmes Seb/Gildas. Après une longue marche d’approche, (20mn de plat !), On décide de réaliser notre exploit par la face Nord ( il fait chaud, alors on reste à l’ombre !!! ). Le topo nous indique huit longueurs pour un total de 280 à 8 848 mètres. (T’es sûr, Paulo?)Le niveau est extrêmement ardu avec des passages en plus 6, d’où la cordée Seb/ Gildas qui nous précède et qui nous attend à chaque camp de base (ou relais). Évidemment, avec Hai, mon Second, nous sommes toujours prêt pour repasser devant, dans le cas où il faudrait des grimpeurs plus expérimentés. Bien que j’avais émis quelques doutes sur notre capacité à finir cet exploit vivant, l’ambiance au sein du groupe est rassurante. Notre Slogan ‘ »Réussir ou Périr !!! Lors de cette difficile épreuve, certains auraient pu souffler, certains auraient pu tirer aux clous, certains auraient pu lâcher prise et tomber … mais, nous, on est (presque) pas comme ça : On a fini épuisés mais victorieux! Dans la grande lignée des premiers aventuriers, ayant réussi l’ascension de l’Everest, je laisse alors tomber une dégaine, afin de laisser une trace dans histoire !!! Redescente par chemin 1,5h (en douceur), pas de plantage. L’autochtone vendeur de Robloch et de bière n’est pas très aimable (a-t-il été informé que certains d’entre nous ne
boivent pas d’alcool ?), mais, nous, on est contents !! Notons que les quatre belles grandes voies sont toutes très bien équipées … perfecto.

Voici comment se terminent les aventures de nos 16 ravis des Aravis…

 

 

 

 

 

 

 

 

Ecrit par : Le chamois masqué